En 2014, lors d’une mission universitaire, le Dr Didier GIET a rencontré un jeune garçon appelé Diori, hospitalisé depuis plus d’un an à Ouagadougou, seul et séparé de sa famille qui habite bien loin, à la frontière du Togo.
Il souffrait d’une maladie dermatologique auto-immune, fort rare : le Pyoderma Gangrenosum. Cette affection lui avait occasionné une plaie couvrant toute la tête, mettant en danger sa vie notamment en raison du haut risque d’infection. Il avait grand besoin de médicaments spécifiques et, surtout, de matériel pour ses pansements quotidiens.
Rapidement, toute l’équipe du CSIC a accepté de se mobiliser pour aider Diori et collecter des médicaments et du matériel de soins. Les pilotes de Brussels Airlines et le personnel localisé à Ouagadougou ont très vite apporté gracieusement leur aide pour permettre d’acheminer tout ce matériel.
.
Le 14 juin 2014, Diori pose fièrement devant le premier colis reçu, il tient en main le téléphone qui lui permettra de nous adresser des SMS.
Les soins s’intensifient rapidement. C’est le début d’une lente cicatrisation qui va finalement prendre 3 ans et demi…
En décembre 2014, nous décidons d’une première mission sur place, assurée par les Docteurs Christine MAASSEN et Didier GIET.
Objectifs : soutenir Diori dans son combat contre la maladie.
Mais aussi acheminer un gros lot de matériel, rencontrer les médecins locaux, permettre à Diori de retourner au village pour revoir sa famille, tout en assurant la continuité des soins quotidiens.
Le voyage de Ouagadougou vers le village à proximité du Togo est très complexe mais nous bénéficions des services d’un chauffeur très fiable, Allassane.
Celui-ci deviendra un collaborateur de confiance, un ami de tous les membres de notre équipe, notre relais local auprès de Diori. L’accueil du village est très chaleureux, mais les responsables locaux expliquent tous les problèmes liés au manque d’eau. Les familles s’approvisionnent dans le lit d’une rivière proche presque asséchée, dans une marre d’eau stagnante, ce qui est source de nombreuses intoxications. Le CSIC décide alors de financer le forage d’un puits collectif, au bénéfice de toutes les familles du village.
En décembre 2015 – janvier 2016, la deuxième mission concerne les Docteurs Stephan COGNIAUX et Didier GIET. Objectifs : acheminer à nouveau du matériel, à nouveau permettre à Diori de retourner au village pour revoir sa famille tout en assurant les soins quotidiens, inaugurer la pompe car le forage se termine.
En décembre 2016, la troisième mission réunit les Docteurs Steve KONINGS et Didier GIET. Objectifs : acheminer à nouveau du matériel, rendre visite au village pour offrir une pompe à eau pour l’irrigation des champs du papa de Diori qui est agriculteur. Diori va mieux et il est autorisé à quitter l’hôpital où il réside toujours. Notre équipe poursuit son aide à Diori, qui est maintenant accompagné de deux de ses sœurs, venues du village et qui restent à ses côtés. Notre aide consiste à assurer la location et l’ameublement d’une petite maison à proximité de l’hôpital, à fournir les médicaments et le matériel de soins (3 pansements par semaine), à organiser la scolarité de Diori qui peut enfin reprendre un cours (presque) normal.
En décembre 2017, la mission réunit les Docteurs Fannette BRENDEL et Didier GIET. Objectifs : constater la bonne évolution de Diori, rendre visite au village pour inaugurer une petite maison offerte au papa de Diori dont la case en terre se fait vieille, apporter du soutien à l’école du village qui manque de tout, continuer à soutenir la scolarité de Diori.
Les pansements peuvent être interrompus car la plaie s’est refermée ; le traitement par cortisone peut enfin être diminué, ce qui va ensuite permettre à Diori de perdre du poids et, surtout, de commencer sa croissance fortement retardée. Lui et ses sœurs vont pouvoir s’éloigner de l’hôpital et commencer une vie autonome. Nous décidons de subventionner l’acquisition d’un petit terrain ainsi que la construction d’une modeste maison pour les y installer (il n’y a ni eau ni électricité dans ce quartier de Ouagadougou). C’est Allassane qui surveille les opérations de construction et tient notre équipe informée.
En décembre 2018, la mission réunit les Docteurs Stéphanie GRAYET et Didier GIET. Objectifs : constater la bonne stabilisation de la santé de Diori (il a entamé sa croissance et est méconnaissable), de visiter la maison qu’il occupe maintenant avec ses sœurs, d’apporter tout le soutien nécessaire à leur prise d’autonomie et à leurs études. Une visite au village est désormais impossible en raison du risque djihadiste dans cette région du Burkina.
Des panneaux solaires sont offerts par le CSIC : il s’agit d’alimenter l’éclairage le soir (pour pouvoir étudier) et la recharge des téléphones mais aussi un frigo qui permettra rapidement à la sœur ainée de Diori de produire et de vendre aux habitants du quartier des jus frais.
L’alimentation en eau est un problème pour tout le quartier : il faut transporter de lourds bidons, tâche souvent confiée aux enfants. Un sourcier est engagé pour identifier si un forage peut être réalisé dans la cour de la maison.
Sous la supervision d’Allassane, un forage dans la cour de la maison sera tenté et réussi début 2019, peu de temps après la fin de la mission. Ce puits offre à tout le quartier un confort de vie plus important : il ne faut plus aller chercher l’eau à grande distance et le prix pratiqué par les Diori et ses sœurs est avantageux. Cette vente de l’eau constitue un pas supplémentaire vers l’autonomie financière de la famille…
Au printemps 2019, le CSIC organise à Louveigné un repas en faveur de ses actions menées au Burkina. L’histoire de Diori et de sa famille est présentée à plus de cent-cinquante Sprimontois.
En décembre 2019, la mission réunit deux de nos infirmières, Aline LEYON et sa collègue Jana VANDENBOSCH, ainsi que le Dr Didier GIET. Objectifs : consolider la prise d’autonomie de Diori et de ses sœurs ; poursuivre le soutien aux études de Diori qui progresse fort bien. Une visite au village reste impossible toujours en raison de l’insécurité locale.
A la vente des jus frais et de l’eau s’ajoutera désormais la vente de produits de première nécessité, dans une boutique que notre Centre aide à achalander : un autre pas vers l’autonomie de la famille. Entretemps, le CSIC a permis de moderniser la livraison et le stockage de l’eau par l’installation d’une pompe solaire et d’un réservoir, toujours sous la supervision d’Allassane, notre homme de confiance.
La crise du Covid empêchera les missions de 2020 et 2021. L’envoi de médicaments se poursuivra, notamment via la valise diplomatique de l’Ambassade de Belgique au Burkina, lorsque les vols directs de Brussel Airlines sont interrompus : il s’agit de préserver le fragile équilibre en santé, acquis au fil des ans. Le soutien pour les études reste une priorité. Début juillet 2021, une bonne nouvelle intervient : Diori a obtenu son diplôme d’études secondaires moyennes. Il comble ainsi un retard conséquent …
En novembre 2022, une mission est décidée malgré l’instabilité politique du pays… Elle réunit les Docteurs Caroline EUBELEN et Didier GIET. L’émotion est grande de retrouver Diori et ses sœurs, ainsi qu’Allassane, notre chauffeur et homme de confiance.
Objectifs : planifier et soutenir la suite des études de Diori (vers l’obtention du Bac), revoir les éléments de l’autonomie financière de la famille (vente de l’eau, boutique, vente des jus).
Allassane nous fait part d’un problème, lié au développement d’un dépôt d’ordures à l’entrée du quartier. Le risque sanitaire est évident et nous décidons au nom de l’équipe du CSIC de soutenir tout un programme d’assainissement de ce chancre.
Allassane est chargé de mobiliser les gens du quartier, le CSIC offrant outils et matériel nécessaires. Le CSIC finance également l’achat d’une bande de terrain et la construction de murs et d’une clôture pour empêcher les dépôts clandestins.
Pour Diori, 2023 devrait voir une autonomie financière se confirmer, et, surtout, la poursuite de ses études qui passera par un séjour dans un internat avec lequel le CSIC a déjà pris des accords à partir d’octobre 2023. D’autres chapitres devraient compléter ce récit entamé en 2014.
L’avenir nous révélera les développements futurs de cette belle aventure. Le CSIC tient à remercier chaleureusement les patients qui ont souhaité soutenir, parfois depuis plusieurs années et avec une grande régularité, toutes les actions du CSIC au Burkina. Ils se reconnaitront en lisant ces lignes : qu’ils sachent que leur aide a contribué à la réalisation de tout ce qui est décrit plus haut.